Episode 2.
Je crains qu'il y en ait beaucoup à suivre.
Depuis l'annonce des résultats de la primaire,
les écologistes ont lancé plusieurs avertissements à François Hollande.afp.com/Miguel Medina
Depuis la désignation du candidat socialiste,
le ton monte entre le PS et les écologistes. Alors que François Hollande ne veut pas entendre parler de sortie du nucléaire, Europe Ecologie-Les Verts en fait un casus belli.
Va-t-il falloir tout reprendre de zéro? Après
avoir négocié pendant des mois avec Martine Aubry et son staff pour constituer un programme commun, Europe Ecologie-Les Verts (EELV) va sans doute devoir recommencer avec l'équipe du désormais
candidat officiel du PS, François Hollande. Et ces futures négociations ne s'engagent pas de la meilleure des manières.
Depuis l'annonce des résultats de la primaire,
les écologistes ont lancé plusieurs avertissements. Le dernier en date émane d'Eva Joly. En déplacement au Japon jeudi, elle a répété "qu'il n'y aura pas d'accord de gouvernement avec le PS s'il
n'y a pas d'engagement sur la sortie du nucléaire". "Ca va être chaud sur ce sujet et sur bien d'autres aussi", poursuit l'élu d'Ile-de-France, David Cormand, chargé des négociations avec le PS.
De son côté, Pierre Moscovici, invité sur BFM TV jeudi, a estimé que la sortie du nucléaire "n'était pas réaliste" et a martélé que le PS n'accepterait "aucun diktat des Verts". Le décor est
planté.
Bon, sortie ou pas
sortie?
Dans ce face-à-face, EELV peut compter sur le
soutien de Greenpeace. L'ONG est très remontée contre le candidat socialiste, il l'accuse d'être "flou" et parfois même "incohérent".
Pour Karine Gavand, chargée des questions
politiques à Greenpeace France, "sa proposition de réduire à 50% la part du nucléaire d'ici à 2025 paraît d'une part démagogique et d'autre part, en contradiction avec d'autres prises de positions qu'il a pu défendre par ailleurs.
Une autre promesse suscite aussi quelques
interrogations: celle de fermer tous les réacteurs qui auront 40 ans d'ici 2025. "Il parle de 18 à 20 réacteurs, or s'il veut respecter cet engagement, il devra en fermer 25", avertit Karine
Gavand.
Mais au-delà des questions techniques, c'est
son refus de parler de "sortie du nucléaire" qui braque, à la fois EELV et Greenpeace. Dans les faits, François Hollande veut se borner à un calendrier qui va jusqu'en 2025. Après, ce sera à ceux
qui seront au pouvoir de décider.
Sauf que "les choix qu'il prendra s'il est élu
l'an prochain engage la France pas seulement jusqu'en 2025, mais bien au-delà", répond Greenpeace. Le plus emblématique d'entre eux, c'est le chantier de l'EPR de Flamanville. Construit pour
avoir une durée de vie de 60 ans, si François Hollande décide de mener au bout ce chantier, "ce sera clairement un signal de prolongement, et non de sortie du nucléaire", lance Karine
Gavand.
"L'EPR, un machin
aberrant"
EELV est sur la même longueur d'onde. "L'EPR
est une aberration écologique, mais aussi économique" soutient David Cormand. "Compte-tenu de l'avancée des chantiers des 2 EPR, en Finlande et à Flamanville, personne ne veut acheter ce machin".
Pour lui, au lieu d'alourdir la facture de la construction de ces réacteurs, il serait plus judicieux d'investir massivement dans le développement d'énergies renouvelables.
Manuel Flam, chargé des questions de
développement durable et d'environnement pour François Hollande, ne veut pas entrer dans la polémique: "Nous discuterons point par point avec nos partenaires, et nous tenterons de travailler vers
plus de convergence." Cet appel au calme ne suffira certainement pas.